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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 13:00
A Nantes, la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) se dote de structures et d’outils pour  anticiper et combattre les risques psychosociaux. Une démarche pionnière à l’Assurance maladie.
 

Stress, incertitude… La réorganisation de l’assurance maladie ne s’est pas faite sans mal. L’hiver dernier, un cadre de la caisse de l’Hérault se suicidait sur son lieu de travail. Hervé Domas, DRH de la CPAM de Loire-Atlantique se garde bien d’affirmer que jamais un tel drame ne se produira dans sa caisse. Pour autant, sa démarche de prévention des risques psychosociaux (RPS) est novatrice au sein de la branche maladie.

Résultat de la réunion des CPAM de Nantes et de Saint-Nazaire, la caisse ligérienne n’a licencié aucun agent, conformément aux directives de la Caisse nationale d’assurance maladie. Mais, sur un effectif de 1 100 salariés en CDI, 150 ont changé d’affectation. « Cela a eu un impact sur la qualité du service rendu aux assurés et a occasionné d’importants retards dans le paiement des prestations en espèces », commente Hervé Domas.

 

Direction dédiée

Aiguillonné par une demande d’expertise du CHSCT sur l’environnement de travail des agents d’accueil, le DRH crée fin 2010 une direction dédiée aux conditions de travail, notamment chargée de superviser le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) et d’élaborer un plan de prévention des RPS. Robert Kaspruk, son responsable, explique ses priorités : « Nous nous efforçons de détecter les services, les groupes ou les catégories de personnel pour lesquelles il y a urgence à intervenir. » Les managers sont mis à contribution : « Dès qu’un projet aboutit à une modification de service ou à un transfert d’agents, les responsables d’équipe doivent analyser les risques pour les agents », souligne Hervé Domas. La CPAM met d’ailleurs l’accent sur l’accompagnement de ses cadres. Un plan de formation sur trois ans vise à les sensibiliser aux RPS. Pour le DRH, il s’agit « d’établir des règles communes et des outils afin de gérer les équipes dans le cadre du changement ».

 

Comité santé au travail

Autre élément du dispositif, le comité santé au travail. Composé de représentants de la direction et du CHSCT, de médecins du travail, d’infirmiers et de psychologues, il prépare ce plan de prévention et s’assure de sa mise en œuvre. Il a lui-même créé une cellule d’écoute. Les agents peuvent ainsi solliciter de manière anonyme un psychologue et une assistante sociale, lesquels interviennent à la demande des managers. En 2011, la cellule a reçu une vingtaine de salariés. Robert Kaspruk relève néanmoins une difficulté : « Il faut faire preuve de discernement pour distinguer les situations qui relèvent de l’accompagnement de celles relatives à la discipline. »

Le comité santé au travail peut également proposer des groupes de travail sur des thématiques liées aux RPS. « L’un d’eux a permis de rééquilibrer les charges des plates-formes téléphoniques en période d’activité intense », illustre Hervé Domas.

Jean-Luc Pucelle, secrétaire du CHSCT, estime que la politique mise en place dans la caisse va dans le bon sens : « Le comité a déterminé des indicateurs [absentéisme, nombre de visites au service santé et sécurité au travail et à la cellule d’écoute…, NDLR] grâce auxquels nous allons pouvoir surveiller l’évolution de tendances. »

Même si cela a un prix. Le coût des services de deux psychologues, d’une infirmière et d’une assistance sociale s’élève à 50 000 euros annuels. « Cette somme ne correspond toutefois qu’à un peu moins de deux postes, observe Hervé Domas. Un petit investissement au regard des enjeux. »

 

Auteur(s) : JOSÉ GARCIA LOPEZ

 

Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1101 du 19/06/2012
Rubrique : Pratiques
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