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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 16:40

 

L’institution paritaire de prévoyance prend le pouls de ses salariés à travers un baromètre social sur Internet. Une démarche préventive et curative adaptée à la taille de cette PME.

 

 

Il préfère les constats chiffrés aux bruits de couloirs. Pour jauger la température sociale dans son entreprise, Serge Bonnafé, DRH de l’Ocirp utilise un baromètre sur Internet. En 2008, le directeur avait eu recours à un audit social afin d’identifier la source de tensions internes et les traiter. Résultat : si le diagnostic obtenu a facilité la résolution des problèmes, la démarche s’est révélée aussi lourde à mettre en place que longue à mener.

 

Suivi facilité des nouveaux embauchés

 

 

À la lumière de cette expérience, le DRH a souhaité recueillir, régulièrement, le ressenti de ses salariés et a choisi en 2011 le baromètre social Opentojob. Une formule plus adaptée que l’audit à la taille de l’Ocirp. Car, même si ses effectifs ont doublé en quatre ans, l’organisme de prévoyance ne compte que 80 collaborateurs. Aux yeux du directeur, l’un des avantages du baromètre social tient d’ailleurs à ce qu’il facilite le suivi de l’intégration des nouveaux embauchés.

La mesure du climat social s’effectue à travers quelque 80 questions portant sur une douzaine de thèmes : recrutement, ambiance, management, carrière, rémunérations… Les salariés qui le souhaitent répondent au questionnaire à partir de leur espace privé hébergé sur le site Internet de la société Opentojob. Les personnes sondées peuvent consulter leurs résultats et les moyennes des réponses. Ce côté interactif a particulièrement séduit Serge Bonnafé. Mais il nécessite une bonne dose de transparence de la part de l’employeur : illustrées sous forme d’histogrammes à barres vertes ou rouges suivant les notes attribuées, les informations sur l’entreprise s’affichent aussi dans chaque offre d’emploi de l’Ocirp en ligne sur l’espace recrutement d’Opentojob.

Il n’empêche, le DRH s’est montré particulièrement attentif à l’anonymat et à la confidentialité des sondages en interne : « La direction de l’Ocirp n’a pas accès aux questionnaires nominatifs. Pour lever les freins à l’utilisation, il a fallu beaucoup communiquer auprès des instances représentatives du personnel, rassurer les équipes à ce propos et donner des garanties sur la confidentialité. »

 

 

Un nouveau sondage par trimestre

 

 

Chaque trimestre, un envoi d’e-mail automatique invite les collaborateurs déjà inscrits à répondre à un nouveau sondage. Contrairement à l’audit social, le baromètre mesure le climat interne de façon dynamique : « L’outil ne prend pas une photographie à l’instant T, il suit les mouvements du corps social de l’entreprise, comme une vidéo », appuie le DRH. Et jusqu’à présent, les salariés ne se lassent pas de ces sollicitations : plus de 50 % d’entre eux répondent régulièrement aux questions. Afin de signifier tout son attachement à cet instrument de mesure, l’Ocirp a introduit un critère lié à la participation du personnel au baromètre dans l’accord d’intéressement signé cette année. « Pour le moment, il compte pour 5 % dans le déclenchement de l’intéressement, mais cette part pourrait peut-être augmenter », remarque le responsable des RH.

 

 

Quelques euros par salarié et par mois

 

 

Peu dispendieux pour une entreprise de petite taille, le baromètre coûte « quelques euros » par salarié et par mois. Un dispositif à la fois préventif et curatif, grâce auquel les responsables de l’entreprise maintiennent leur vigilance et peuvent aussi vérifier la pertinence des réponses apportées aux situations de crise : « À ce jour, le cas ne s’est pas présenté, mais si les moyennes des appréciations chutaient, nous pourrions intervenir rapidement », assure Serge Bonnafé. D’autant qu’à l’échelle d’une structure comme l’Ocirp, la direction est vite informée des problèmes. Selon le DRH, l’outil ne doit donc pas se substituer aux échanges avec les salariés. Au fond, la confiance dans les chiffres n’exclut pas l’écoute du terrain.

 

 

Auteur(s) : JOSÉ GARCIA LOPEZ
Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1118 du 13/11/2012

Rubrique : Pratiques

 

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 07:24

 

Équipée d’un outil accessible aux PME, la SSII centralise et partage les informations liées aux carrières de ses salariés, tout en améliorant le suivi RH de ses filiales à l’étranger.

 

En matière d’équipement informatique RH, certaines PME jouent désormais dans la cour des grands. C’est le cas d’Aldata. Si cette SSII spécialisée dans l’édition de logiciels destinés à la grande distribution ne compte que 500 salariés, elle n’en utilise pas moins une application dédiée à la gestion des compétences et des carrières, l’apanage jusqu’alors des grosses entreprises.

Le projet a été mené au pas de charge : trois mois ont suffi pour paramétrer le logiciel WingSpan de l’éditeur SilkRoad et le lancer simultanément, en janvier 2012, dans huit des douze filiales de la société à l’étranger. Aldata, qui se développe par croissance externe, recherchait une technologie capable de répondre à une palette de tailles de sociétés – de 1 à 250 personnes –, de nationalités et d’approches RH variées en fonction de ses succursales. « Avant la mise en place de la solution, collecter et centraliser les informations RH n’entrait pas dans les habitudes de nos entités, très autonomes », atteste la DRH de l’époque, Marie-Claude Chazot*.

 

Uniformiser les processus

 

Dans ces conditions, l’enjeu consistait notamment à mettre en place une base de données multilingue et commune, afin de garantir le recueil et le partage des données liées aux entretiens annuels et aux augmentations de salaires. Grâce à l’outil, il s’agissait notamment d’uniformiser les processus afin de faciliter leur suivi et le contrôle de la masse salariale.

Avec 70 % des rendez-vous annuels d’évaluation réalisés dans les délais, la DRH s’estime satisfaite des résultats de la première campagne d’entretiens menée à l’aide du logiciel. Un retournement de situation, selon Marie-Claude Chazot : « Auparavant, les entretiens étaient effectués si les responsables en avaient le temps. »

Utiliser l’outil suppose également un important changement des pratiques managériales : « Cela oblige à un cadencement strict des étapes des entretiens annuels, prévient la responsable RH. Le logiciel envoie beaucoup d’e-mails automatiques aux managers. Cela leur rappelle constamment leur retard ! » Pas étonnant donc que certains chefs de service se soient émus du temps nécessaire pour compléter le processus. Ce bémol n’empêche d’ailleurs pas une majorité d’encadrants d’apprécier l’outil, simple à utiliser, d’après l’enquête réalisée auprès de cette population.

 

La technologie pour moins de 1 000 euros

De leur côté, les équipes RH bénéficient d’un meilleur suivi de la mise en œuvre des formations et des plans de développement professionnel du personnel, du fait de la mise en commun des informations. « Cela permet de nous assurer que des objectifs de performance personnelle ont bien été fixés à chaque salarié pour l’année en cours », souligne Marie-Claude Chazot.

Dernier avantage de cette technologie, son prix, inférieur à 1 000 euros par mois. Un tarif accessible et une alternative intéressante à de coûteux développements informatiques, atteignant souvent plusieurs dizaines de milliers d’euros, difficiles à financer par une PME.

* Marie-Claude Chazot a quitté la société depuis fin septembre 2012.

 

Auteur(s) : JOSÉ GARCIA LOPEZ
Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1116 du 30/10/2012

Rubrique : Pratiques

 

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 11:11

 

Le portail en ligne déployé dans la SSII permet d’anticiper l’arrivée de ses collaborateurs fraîchement recrutés. Formalités administratives facilitées et interventions coordonnées des services concernés améliorent l’intégration des salariés. 

 

 

Bureau vide, manager aux abonnés absents, téléphone et ordinateur non connectés… Afin d’épargner ces bugs d’organisation à ses nouveaux embauchés, la SSII américaine Citrix s’est dotée d’un logiciel dédié à l’accueil des salariés. Mise en place il y a quelques mois dans la filiale française (une centaine de salariés), la solution d’onboarding* RedCarpet de l’éditeur Silkroad permet de préparer en amont l’arrivée des collaborateurs dans l’entreprise. « Il nous fallait un système informatisé pour automatiser la gestion matérielle de l’accueil », déclare Monique Rosenblatt, responsable du système d’information des RH (SIRH) pour l’Europe chez Citrix.

À travers une check-list précise des étapes logistiques et administratives de l’embauche, l’outil structure et accélère l’intégration des collaborateurs. Avant même leur arrivée dans la société, ces derniers trouvent les réponses aux questions pratiques sur un portail Internet : où trouver son badge, ses titres-restaurant, quelles sont les premières formations obligatoires à suivre… Ils peuvent aussi y consulter une présentation détaillée de l’entreprise, s’informer sur son fonctionnement et, par là même, devenir opérationnels plus rapidement. Outre cette partie informative, le système facilite les démarches administratives des salariés. Une fois embauchés, ils complètent eux-mêmes en ligne les renseignements les concernant. « Il s’agit d’éviter les ressaisies de données administratives par le service des RH, commente Monique Rosenblatt. Ces informations sont transférées directement dans notre SIRH puis dans notre système de paie. »

 

 

Suivi en temps réel

Exit les formulaires papier, le département RH peut suivre en temps réel dans le détail les stades de l’embauche et de l’intégration des collaborateurs. Le logiciel permet aux responsables de service de commander le matériel pour les nouveaux salariés et de n’oublier aucune étape de l’intégration grâce à un système d’alertes. De leur côté, la direction informatique et les services généraux, prévenus suffisamment à l’avance de l’arrivée des nouveaux embauchés, ont le temps de se coordonner et de préparer les installations.

Selon la responsable du SIRH, le portail personnalisable et multilingue est adapté à l’organisation et au développement international de Citrix. Le logiciel convient aussi bien à ses filiales en plein boom (jusqu’à 200 personnes recrutées par mois en Inde), qu’à la gestion à distance des employés isolés dans certains pays. « Dans le monde, plus de 3 500 salariés Citrix ont déjà utilisé la technologie, et nous avons constaté une réduction des coûts comprise entre 30 % et 60 %, que ce soit en papier ou en temps, pour le personnel RH, les recruteurs et les managers. »

L’outil donne aux nouveaux recrutés une image positive de l’entreprise, en résonance avec son activité high-tech. Pour Citrix, la plate-forme informatique contribue donc à la fidélisation des salariés. Ce n’est pour autant qu’un des piliers de la politique d’intégration : une formation obligatoire aux procédures de l’entreprise figure ainsi au programme du parcours des nouveaux collaborateurs durant les trois premières semaines dans la société. « Nous insistons pour que les managers accueillent eux-mêmes leurs collaborateurs », souligne la responsable. En ce sens, l’utilisation de l’onboarding ne doit pas déshumaniser les rapports entre collègues mais, au contraire, en les organisant mieux, faciliter les échanges et les rencontres physiques.

 

* Système d’information destiné à bien accueillir et intégrer les nouveaux collaborateurs.

 

 

Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1113 du 09/10/2012

Rubrique : Pratiques

Auteur(s) : JOSÉ GARCIA LOPEZ

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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 11:07
Les adhérents du syndicat professionnel Syntec Conseil en recrutement renouvellent l’opération “coup de pouce” seniors. Une démarche solidaire d’aide aux cadres expérimentés en difficulté.

Plus connus pour sélectionner les candidats que pour les accompagner dans la quête d’un job, les chasseurs de têtes se mobilisent en faveur des seniors au chômage. Le 11 octobre, après trois éditions dédiées aux jeunes diplômés, la profession organise sa journée “coup de pouce” en faveur des cadres expérimentés en recherche d’emploi. Pour la deuxième année consécutive, ces derniers ont droit à un accompagnement personnalisé et gratuit.

Après s’être inscrits en ligne sur les principaux sites d’offres de postes, ils reçoivent une proposition de rendez-vous d’un cabinet de conseil proche de leur domicile, parmi les 150 adhérents au syndicat professionnel. Les entretiens d’une heure sont conduits par les consultants des cabinets de recrutement, accompagnés de responsables RH d’entreprise.

 

Mieux valoriser les profils et les parcours

L’objectif de cette initiative ? Aider les candidats à mieux organiser leur recherche et à mieux valoriser leurs profil, parcours et compétences : « Il s’agit d’aider des personnes qui, confrontées à des refus successifs, peuvent se sentir isolées et avoir le sentiment d’être oubliées par les employeurs et les cabinets de recrutement », relate Olivier Gilson, pilote de l’opération, membre de Syntec Conseil en recrutement et associé du cabinet Jefferson & Partners.

« Nous cherchons à dédramatiser la situation et à redonner confiance aux candidats », poursuit Hymane Ben Aoun, dirigeante du cabinet Aravati France, participant à l’action.

 

 

Retours très positifs de la première édition

Outre des attentes en termes de soutien moral, le bilan de la dernière campagne pointe avant tout des besoins d’aide concernant la stratégie et la méthodologie de recherche, la rédaction des CV, la clarification des objectifs ou encore l’amélioration de l’argumentaire en entretien.

Au final, le Syntec ne cherche pas à recruter lui-même des “tempes grises” mais bien à les aider à définir leur projet de retour à l’emploi. « Il ne s’agit pas de susciter de faux espoirs chez les candidats, prévient Olivier Gilson. La rencontre a pour ambition de les redynamiser dans la perspective de retrouver un emploi. Les retours de l’édition 2011, en majorité très positifs, nous ont d’ailleurs montré qu’il n’y avait pas de décalage entre l’attente des seniors reçus en entretien et l’objectif de l’opération. »

L’intérêt de cette action pour les professionnels de recrutement ? Le représentant du Syntec évoque l’aspect solidaire de la démarche : « Il est gratifiant de pouvoir rendre service aux personnes en difficulté. » De leur côté, les entreprises ayant répondu présent peuvent développer leur image citoyenne. Alexandre Collinet, secrétaire général de Leboncoin. fr, qui renouvelle sa participation à la journée, en tire surtout un motif de satisfaction personnelle : « J’ai le sentiment d’être utile en donnant de mon temps et en apportant mon expertise à des gens qui en ont besoin afin d’augmenter leur chance de trouver un emploi. »

Avec 3 000 candidats attendus au rendez-vous, soit trois fois plus qu’en 2011, le Syntec espère confirmer cette année encore le succès de cette opération de solidarité.

 

 

Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1113 du 09/10/2012
Rubrique : Pratiques

Auteur(s) : José Garcia Lopez
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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 09:05
en-net.pngLe groupe de télévision payante favorise le partage de l’information, des compétences et du savoir-faire à travers les communautés d’utilisateurs de son intranet.

 

 

 

Le travail collaboratif en ligne, ce n’est pas une fiction à Canal+. Depuis un an, les 3 600 collaborateurs permanents du groupe télévisuel peuvent partager des documents, échanger de bonnes pratiques ou commenter les contributions des collègues sur leur réseau interne. Chaque salarié a également la possibilité d’enrichir son profil dans l’annuaire en mentionnant ses compétences, son parcours, ses réalisations et centres d’intérêt personnels. Surtout, l’outil permet de se regrouper en communautés liées à un métier, un projet, une mission ou un service.

 

Exposer son travail

 

Selon Isabelle Lugnier, directrice des ressources humaines en charge du développement et de la formation, l’intranet est devenu un levier managérial : « L’outil permet de développer la proximité avec les collaborateurs. Il leur offre la possibilité de mettre en avant leurs projets et améliore ainsi leur reconnaissance. » Et ce, sans que les propos des contributeurs soient validés avant d’être publiés. « Si l’on se réfère aux entreprises ayant adopté des systèmes de publication sans modération a priori, la question est plus de libérer la parole que de la modérer », souligne Antoine Banet-Rivet, directeur de la communication interne et institutionnelle.

Conçu avec l’aide d’ergonomes, le portail “En Net” a été pensé afin de fluidifier au maximum la circulation de l’information. « Auparavant, des services créaient des blogs, en interne ou en externe, qui ne communiquaient pas entre eux et créaient des silos d’information, rapporte Charlotte Montpezat, responsable de la communication interne, en charge de l’outil. Par ailleurs, une enquête d’engagement menée par la DRH en 2010 a mis en lumière le besoin d’exposer son travail. À quoi s’ajoute une curiosité pour ce qui se passe dans le “bureau d’à côté”, comme l’illustre le succès de notre programme d’innovation participative, Canal Initiative Games. » L’objectif a donc consisté à mettre à disposition des outils de partage du savoir collectif, simples à utiliser. « Il y a un an, nous avons fait le pari de lancer la plate-forme sans formation, sans tutoriel », indique Charlotte Montpezat. Pari aujourd’hui réussi avec une audience au rendez-vous (417 000 pages vues par mois), 2 300 articles, plus de 900 pages wikis (pages librement ? modifiables) ou encore 300 vidéos en ligne.

 

Une meilleure communication

 

Piliers du réseau collaboratif, les communautés prospèrent elles aussi sur En Net. Près de 70 personnes dédiées assurent l’animation des quelque 60 espaces communautaires existants. « Le community management relève d’une responsabilité collective, ce n’est pas un job à plein temps », précise Isabelle Lugnier. La direction des RH, elle-même active créatrice de communautés – université interne, mobilité, gestion des intermittents, managers… –, perçoit un intérêt majeur dans l’animation de groupes d’échanges : « Les communautés nous permettent d’améliorer la compréhension des enjeux de l’entreprise, de plus communiquer et de mieux informer », rapporte Isabelle Lugnier.

 

Au plus près des besoins

 

De son côté, la communication interne cherche maintenant à limiter l’explosion du nombre de collectivités virtuelles, afin de préserver l’accessibilité aux contenus : « Les collaborateurs ont une vraie appétence pour la création de communautés. C’est un signal plutôt positif, mais il nous faut aussi veiller à ne pas noyer l’information », relève Charlotte Montpezat. Laquelle a dans ses cartons les prochaines fonctionnalités de l’outil – micro-blogging, gestion documentaire, widgets… – mises en œuvre en fonction des besoins des utilisateurs. Coller au plus près à l’évolution des usages et des avancées technologiques, voilà le scénario du futur En Net.

 

Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1111 du 25/09/2012

Rubrique : Pratiques

Auteur(s) : JOSÉ GARCIA LOPEZ

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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 10:41

isisbil.pngLa branche SNCF chargée de l’entretien du réseau privilégie l’échange décloisonné des connaissances. La responsable du knowledge management y développe une approche très pragmatique de la gestion du savoir, clé de la réussite de son outil de partage.

 

 

Pour une organisation aussi hiérarchisée que la SNCF, le pari était osé : lancer un outil de partage des bonnes pratiques individuelles, ouvert à tous les salariés de la branche infrastructure (Infra) et non modéré a priori. Il n’empêche, l’idée d’un intranet participatif a fait son chemin au sein de la société ferroviaire. Lamis Zolhof, à la tête de la cellule de gestion de la connaissance et du travail collaboratif de l’Infra, l’a mise sur les rails fin 2005. Avec pour tout cahier des charges l’objectif de partager le savoir-faire entre les métiers de la branche (voies, signalisation, maintenance, études…). Le patron de l’Infra de l’époque a lui-même fixé ce cap et laissé les coudées franches à Lamis Zolhof. Grand format, le projet Isibol concerne 50 000 salariés de l’Infra, soit un tiers des effectifs du transporteur national.

Aujourd’hui considéré comme un modèle du genre dans le groupe, cet intranet collaboratif a inspiré d’autres applications utilisées dans les cinq branches de l’entreprise. Forte de cette réussite, la responsable KM anime une équipe de huit personnes chargées d’élaborer des outils de partage des connaissances – portails, moteurs de recherche – et de répondre aux requêtes des utilisateurs.

« 95 % des demandes concernent le partage de documents. Nous sommes rarement sollicités pour mettre en œuvre des espaces de discussion instantanée », observe-t-elle.

 

Ergonomie et convivialité

Une des garanties du succès d’une application de partage ? La simplicité d’utilisation, assure l’experte, fervente partisane du « zéro formation, zéro assistance ». Mais il faut d’abord répondre exactement à un besoin exprimé. La conception d’Isibol doit aussi beaucoup à l’ergonomie et à la convivialité de sites Internet marchands ou communautaires grand public. Lamis Zolhof n’a pas hésité à adopter les techniques de marketing pour booster le nombre de contributions postées. Un système de parrainage et de points, obtenus en fonction des téléchargements, permet aux contributeurs et à ceux qui détectent les bonnes pratiques de remporter des petits lots : T-shirts, clés USB, disques durs… Résultat : la méthode a permis d’atteindre l’objectif d’une contribution par jour au minimum.

L’approche coopérative de la gestion des connaissances excepte l’information descendante, selon Lamis Zolhof : « Le savoir-faire n’appartient pas seulement aux experts. Chacun dans son domaine acquiert des bonnes pratiques pouvant être partagées. »

Compétences, méthodes de travail, astuces mais aussi outils (programmes informatiques, automatisations sur tableur…) créés par les salariés sont susceptibles d’être mis en commun. La professionnelle du savoir ne contrôle pas plus les contenus a priori qu’elle ne supprime elle-même les mauvaises pratiques. Mais il peut lui arriver d’appeler un contributeur pour lui expliquer en quoi sa pratique n’est pas adaptée ou ne respecte pas les référentiels de l’entreprise. Par exemple, celui qui indique comment désactiver l’antivirus des ordinateurs de bureau pour accélérer leur vitesse de traitement…

Selon la responsable, la réussite d’un projet de KM suppose un important travail de communication auprès des utilisateurs. « Les collaborateurs n’utiliseront un outil que s’ils en perçoivent l’intérêt. À travers leurs commentaires, les intranautes peuvent ainsi faire évoluer les pratiques des contributeurs. Et ceux-ci sont reconnus en tant que créateurs dans leur communauté de métier et au-delà. »

Intéressée par la diffusion de bonnes pratiques dans le cadre d’un programme d’accompagnement managérial, la direction des RH de l’Infra, maître d’ouvrage d’Isibol, et le top management ont appuyé la mise en œuvre de l’intranet collaboratif. L’encadrement intermédiaire beaucoup moins : l’idée selon laquelle savoir et pouvoir sont soudés a la vie dure !

Le partage des connaissances apporte pourtant une grande richesse intellectuelle à l’entreprise, selon Lamis Zolhof. C’est aussi une source d’économies, plus facile à mesurer : sur Isibol, 500 000 téléchargements auraient ainsi permis d’économiser 100 000 heures de travail depuis le lancement de la plate-forme. « L’objectif n’est pas de supprimer des postes mais de gagner en savoir, en qualité et en temps, tout en évitant de réinventer des pratiques déjà existantes », précise-t-elle. In fine, tout le monde gagne à partager son savoir : l’entreprise, car ses salariés deviennent plus performants ; et les collaborateurs, plus engagés quand ils peuvent apporter leur pierre au ballast.


Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1110 du 18/09/2012

Rubrique : Enquête

Auteur(s) : JOSÉ GARCIA LOPEZ

SNCF INFRA

• Activité : entretien, exploitation du réseau et ingénierie ferroviaire.

• Effectif : 50 000 salariés.

• Chiffre d’affaires 2011 : 5,29 milliards d’euros.

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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 13:00

visuel-Def-Mob.jpgPour assurer le retour dans le civil des anciens militaires, le ministère a sa machine de guerre : Défense Mobilité. L’agence nationale de reconversion oriente, forme et place en entreprise les candidats à l’emploi. Les liens qu’elle tisse avec les grands employeurs l’aident à obtenir des résultats hors norme.

 

 

Uniforme remisé au placard, retour à la tenue de ville : chaque année, plus de 20 000 militaires quittent les drapeaux. Des départs naturels liés aux limites d’âge atteintes et surtout aux fins de contrat. Car l’armée compte 63 % de contractuels dans ses rangs et connaît un turnover version gros calibre. La raison ? “L’impératif de jeunesse” des militaires : étant donné les contraintes physiques du métier des armes, la moyenne d’âge ne dépasse pas 33 ans dans l’institution. C’est une caractéristique de la Défense, “fonction publique de contrat” au sein de l’administration française : « On n’entre pas dans l’armée pour y effectuer une carrière à vie. Les contrats des militaires durent en moyenne cinq ans et demi », relevait Jacques Roudière, ex-DRH du ministère (1), lors de la présentation du dernier bilan social de la Défense (2) le 28 juin 2012.

 

Prestations d’information, d’orientation, de formation et de placement

 

Après leur “CDD longue durée”, la plupart des militaires entament donc une deuxième vie professionnelle. Leur statut général garantit ainsi « les moyens d’un retour à une activité professionnelle dans la vie civile » à ceux qui partent de l’armée. Chaque personne ayant au moins quatre ans de service peut bénéficier de prestations d’information, d’orientation, de formation et de placement. Un dispositif complet de transition professionnelle et d’accompagnement qu’orchestre Défense Mobilité. Ce service, créé en 2009 et rattaché au DRH du ministère de la Défense, regroupe les moyens alloués à la reconversion du personnel des trois armées. En 2011, l’agence a accompagné 17 000 nouveaux candidats à un emploi : militaires en fin de contrat, mais aussi conjoints, gendarmes et personnel civil. Très honorable, le taux de reclassement des militaires atteint 75 %, essentiellement dans le secteur privé et les fonctions publiques. Il faut dire qu’en dépit de niveaux d’études peu élevés pour la majorité d’entre eux – les militaires du rang, enrôlés au niveau bac et sans qualification, forment le gros des bataillons de l’armée avec 68 % des effectifs –, ex-officiers galonnés et sans-grade ont la cote auprès des recruteurs. Pour entretenir la flamme, Défense Mobilité maintient des contacts privilégiés avec plus de 5 000 entreprises. « Dans le cadre de leur action de placement, nos conseillers présélectionnent des profils ciblés dans leur vivier, puis les présentent aux recruteurs potentiels », explique Cécile Naessens, chargée des partenariats à Défense Mobilité. Les interlocuteurs des entreprises, 680 professionnels de la mobilité, se répartissent dans dix pôles régionaux. Tant à l’échelon local qu’au niveau national, l’agence démarche de grandes entreprises des secteurs privé et public, et conclut des partenariats avec elles afin d’élargir encore l’accès à l’emploi des militaires.

 

Accords de coopération

 

Une soixantaine de conventions ont été conclues avec des grandes entreprises publiques et privées (EADS, Bouygues, Total, Air France…), des fédérations professionnelles et des associations. Ces accords de coopération d’une durée de deux ans en moyenne consistent surtout en des échanges d’informations sur les offres de postes des partenaires. Lesquels ne s’engagent pas à recruter systématiquement les candidats présentés. Pour l’agence de reconversion, l’enjeu de cette formule « souple et peu engageante » consiste, selon Cécile Naessens, à expliquer le savoir-faire des personnels de la Défense aux employeurs : « Nous cherchons à faire reconnaître leurs compétences et leur formation, acquise ou complétée au moment de la transition professionnelle. » D’ailleurs, Défense Mobilité, à travers son centre de formation professionnelle de Fontenay-le-Comte (Vendée), dispense une quarantaine de formations. Au total en 2011, un millier de reclassements ont été effectués dans les entreprises partenaires et près de 800 dans les fédérations professionnelles. C’est là un facteur d’explication de la hausse du taux global de reclassement des militaires : + 5 % par rapport à 2010 dans le secteur privé (9 000 personnes) et + 3,4 % dans la fonction publique, des chiffres en augmentation depuis 2009. Et ce, malgré un afflux de candidats au reclassement supplémentaire de plus 10,5 % par rapport à 2010. Car la Défense pousse de plus en plus ses troupes vers la sortie. Dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) et du Livre blanc sur la défense, la loi de programmation militaire prévoit la suppression de 54 000 postes (sur un total de 293 493) entre 2009 et 2015. Dans le même temps, l’agence elle aussi voit ses effectifs fondre, de 920 conseillers au moment de sa création à 650 prévus en 2014. Jusqu’à présent, Défense Mobilité fait donc mieux avec moins de moyens. Avec 9 000 personnes sans emploi cinq ans après avoir quitté l’armée, le taux de chômage des anciens militaires, inférieur à 0,5 %, est même en légère diminution depuis l’année dernière.

 

Développement vers le secteur tertiaire

 

Pour élargir encore la porte d’entrée dans le monde professionnel civil, l’agence doit désormais se tourner davantage vers les PME-PMI. Et fourbir ses armes pour élargir le panel des entreprises partenaires : « Nous cherchons maintenant à développer nos partenariats dans le secteur tertiaire, évoque Cécile Naessens. Notamment dans les services à la personne, générateurs d’emplois. »

 

 

(1) Jacques Feytis a été nommé nouveau DRH du ministère de la Défense en remplacement de Jacques Roudière, le 11 juillet dernier.

 

(2) Bilan social de la Défense téléchargeable sur www.defense.gouv.fr

 

 

Encadré

L'ESSENTIEL 

 

1 Défense Mobilité propose aux candidats à un emploi civil un processus complet de reconversion grâce à un réseau de 680 conseillers dans toute la France.


2 En 2011, 17 000 nouveaux candidats se sont inscrits à Défense Mobilité, soit une augmentation de 10,5 % par rapport à 2010. Le taux de reclassement s’élève à 75 %.


3 Une soixantaine de conventions ont été conclues avec des grandes entreprises publiques et privées. L’agence cherche à élargir le panel de ses partenariats.

 

 

Encadré

LES SECTEURS LES PLUS DEMANDEURS : TRANSPORTS, SURVEILLANCE, MAINTENANCE


 

Quels sont les profils d’ex-militaires les plus prisés et qu’en pensent les entreprises qui les recrutent ? Clairement, les compétences les plus recherchées sont celles de conducteurs de voyageurs et de marchandises. Poids lourd parmi les recruteurs d’ex-militaires, le secteur du transport et de la logistique a absorbé plus d’un quart des 12 000 reclassements en 2011. « D’importants partenariats ont été conclus avec des entreprises telles que Norbert Dentressangle, Keolis ou Kuehne + Nagel », note Cécile Naessens.

Les métiers de la sécurité et de la surveillance attirent également les candidats, comme c’est le cas à la SNCF. Avec un peu plus d’une centaine de postes pourvus par d’anciens militaires chaque année, la société est l’un des plus grands employeurs de cette population. « Nous recherchons aussi des compétences pour nos métiers techniques, maintenance des trains, des installations et des infrastructures », précise Vincent Renet, responsable du recrutement de la SNCF.

Selon lui, la coopération avec le service de reconversion de l’armée a pour intérêt majeur d’améliorer la communication entre les deux partenaires : « Nous diffusons de l’information à destination des structures locales de Défense Mobilité et signalons toutes les possibilités de recrutement dans nos métiers. » En retour, l’agence de reconversion envoie des postulants dont le recruteur apprécie « la rigueur, les capacités d’adaptation et la motivation ».

Ces savoir-être sont également recherchés chez DCNS. L’année dernière, l’armateur a reçu en alternance 80 personnes issues des rangs de la Défense : « Le respect des règles et une formation de qualité acquise dans les différentes armes sont pour nous des garanties de sérieux », déclare Bertrand Le Fèvre, responsable du programme de valorisation de l’apprentissage “Les filières du talent”. Pour ce dernier, l’accord avec Défense Mobilité facilite le sourcing des candidats : « Cette collaboration renforce l’adéquation entre les candidatures qui nous sont transmises et les profils recherchés dans nos métiers de l’industrie. »

 

 

Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1108 du 04/09/2012

 

Rubrique : Pratiques

 

Auteur(s) : JOSÉ GARCIA LOPEZ

 

Voir aussi :

L'audio, porte-voix de la mobilité interne

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 21:47

La banque mutualiste intègre des critères de développement durable dans la part variable de la rémunération de ses dirigeants. Le dispositif, sophistiqué, s’appuie sur des indices internes de progression des actions dans les domaines sociaux et environnementaux.

 

 

Les “bonus durables” émergent peu à peu en France. Il s’agit de conditionner une part de la rémunération variable des dirigeants à des objectifs de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Au Crédit agricole, cette pratique a été mise en œuvre fin 2009 au moment où les ban­ques, accusées d’avoir alimenté la crise financière, ont été invitées à encadrer les bonus de leurs traders.

 

Rémunération variable à plus long terme

 

Le dispositif déployé dans le groupe mutualiste concerne un millier de cadres dirigeants. Il distingue la rémunération annuelle variable de celle à plus long terme. La première dépend, à parts égales, de critères économiques et extrafinanciers : satisfaction du client, création de valeur sociétale et objectifs managériaux. Cette dernière catégorie englobe des indicateurs tels que l’engagement des salariés (sur la base d’enquêtes d’opinion interne), les formations ou encore la mobilité des équipes de direction. « Les dirigeants des entités et des filiales peuvent pondérer ces objectifs, mais aucun ne peut être inférieur à 15 % », précise Pierre Deheunynck, DRH de Crédit agricole SA.

Les responsables proposent eux-mêmes des critères que nous discutons ensuite avec eux. D’une année sur l’autre, ces marqueurs peuvent changer. » En revanche, les dirigeants ne choisissent pas les objectifs - communs au groupe - liés à la rémunération différée. Comme prévu par la réglementation européenne (directive CRD3), la moitié de leur bonus n’est en effet versée aux patrons de la banque qu’au bout de trois ans. Les critères qui y sont associés comptent pour un tiers chacun : le résultat net, l’évolution du cours de bourse de Crédit agricole SA et celle d’un indice de progrès de la valeur sociétale dans le groupe. Cet indice se calcule suivant une méthode complexe. Parmi une liste de critères sociaux et environnementaux - reconnaissance, égalité, sécurité, participation, équité, cohérence, ­territoire, chaque entité du groupe se définit jusqu’à 15 plans d’actions. En fonction de leurs avancées, les sociétés disposent de leur propre indice de progrès baptisé “Fred”. La moyenne de toutes ces mesures constitue l’indice de référence pour le groupe.

 

Des bonus liés à la performance sociétale

 

« La réglementation européenne et sa traduction en droit français sont venues perturber la lisibilité du dispositif », regrette Pierre Deheunynck. Lequel constate que cette démarche a déjà permis de mettre à l’agenda la performance sociétale plus souvent qu’auparavant. « Au même titre que les indicateurs économiques, les critères liés à la RSE sont importants », souligne-t-il. Pour lui donner du poids, la commission RSE créée au niveau du comi­té central de groupe a été intégrée à la commission économique. Preuve supplémentaire, selon le DRH, de la considération que l’entreprise porte à ces questions. Un risque demeure à ses yeux : « Les critères de RSE, moins arithmétiques que les critères économiques, peuvent être perçus comme des objectifs faciles à atteindre. » De son côté, Joël Gérin, représentant CFDT, principal syndicat du Crédit agricole, considère que les effets des mesures sur la rémunération des dirigeants sont peu significatifs : « La direction n’a aucun intérêt à se tirer une balle dans le pied en se fixant des objectifs très élevés, estime-t-il. Ces mesures ressemblent beaucoup à des effets d’annonce. » Reste que la direction veut installer le mécanisme dans la durée : « Les transformations radicales des comportements et des pratiques induites par le dispositif prennent du temps », note le DRH. Au terme de sa mise en place, en 2013, la démarche pourrait être élargie à d’autres personnels d’encadrement. En attendant, à l’heure où le groupe bancaire essuie de sérieuses pertes et voit plonger le cours de son action, les bonus liés aux performances sociétales peuvent constituer, pour les dirigeants, un puissant stimulant.

 

Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1107 du 28/08/2012

Rubrique : Pratiques

Auteur(s) : JOSÉ GARCIA LOPEZ

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 13:29
Le groupe de BTP et de concessions propose un dispositif d’épargne original : la société d’investissement à capital variable d’actionnariat salarié. Un outil de dissuasion massive pour contrer les attaques boursières et préserver l’indépendance du groupe.

 

 

Le mur de l’actionnariat salarié, les concurrents prédateurs d’Eiffage s’y sont déjà heurtés. La dernière tentative d’OPA sur le groupe français remonte à 2007 : face au poids des salariés actionnaires, l’Espagnol Sacyr fait alors un flop. Ce que pèse le personnel dans le capital du groupe ? Pas moins de 25 % détenus par 65 500 salariés et ex-salariés, soit 85 % des effectifs en France. Du gros calibre parmi les entreprises françaises ! Et plus de vingt ans que cela dure : en 1990, les collaborateurs ont d’abord été incités à participer au capital de leur société via un rachat d’entreprise par ses salariés (RES), puis en 2002 à travers une Sicav d’actionnariat salarié (Sicavas).

Pour Stéphane Bergeret, directeur des relations sociales, l’actionnariat salarié joue un rôle important dans la construction du groupe : « Nous avons grandi par croissance externe. La participation des salariés au capital est un facteur d’intégration. Elle a créé un lien solide entre les nombreuses sociétés qui nous ont rejoints. »

 

Les ouvriers impliqués

 

Cet actionnariat concerne l’ensemble les catégories professionnelles de l’entreprise. « Tout le personnel peut devenir actionnaire », souligne Béatrice Brénéol, présidente de la Sicavas. La majeure partie du capital (68 %) est d’ailleurs détenue par les ouvriers. Les clés du succès de la Sicavas ? Un généreux abondement – à hauteur de 50 % de l’intéressement et de 25 % de la participation réinvestis, avec un plafond de 4 680 euros – encourage les investissements. Stéphane Bergeret reconnaît que cette politique d’abondement et de partage des profits concourt au succès de l’actionnariat interne. Mais ce dernier « dépasse la simple logique d’épargne salariale pour créer une forme différente d’attachement à son entreprise. On porte un autre regard sur sa société et son organisation quand on en est actionnaire ».

Les salariés ont voix au chapitre : ils élisent parmi eux quatre administrateurs de la Sicavas et sont aussi représentés au sein du conseil d’administration du groupe par la présidente de la société d’investissement.

 

Correspondants locaux

 

Sur le terrain, quelque 550 « correspondants Sicavas », répartis dans les unités du groupe, conseillent et informent leurs collègues, surtout en période de souscription des actions. Et, un peu plus que par le passé, ils doivent aujourd’hui répondre aux doutes des salariés.

Certes, malgré la crise, avec 28 000 souscripteurs (53 % des effectifs en France) et un montant de 142 millions d’euros engrangés, 2011 a plutôt été un bon cru pour la Sicavas. Mais, en 2012, la direction laisse entendre que le taux de souscription va se tasser. Motif ? « Nous avons distribué un peu moins d’intéressement et de participation cette année », observe Béatrice Brénéol. De son côté, Philippe Luppo, représentant CFDT (deuxième organisation syndicale de l’entreprise après la CGT) au CCE d’Eiffage, admet que l’abondement joue un rôle d’amortisseur et limite le risque de l’investissement en actions pour les salariés. Mais le syndicaliste souhaiterait que ces derniers disposent d’une offre de placement plus diversifiée : « Il manque au dispositif de redistribution des fruits de la croissance de l’entreprise un mécanisme sécurisé tel que le Perco. Il ne s’agit pas de concurrencer l’actionnariat salarié mais de permettre aux salariés de choisir leur placement, sans mettre tous leurs œufs dans un même panier. »

Malgré la période de tourmente sur les marchés financiers, pas question pour Eiffage de délaisser l’actionnariat salarié : « Les collaborateurs savent que la bourse connaît des fluctuations indépendantes des réussites du groupe. Ils ont conscience que leur mobilisation en tant qu’actionnaires a déjà sauvé l’entreprise et qu’elle permet de préserver, si ce n’est leur emploi, du moins leur outil de travail », note la présidente de la Sicavas. D’ailleurs, lors de la menace d’OPA de 2007, les salariés ont souscrit massivement à la Sicavas, alors même que le cours de l’action Eiffage atteignait des sommets. Aujourd’hui, la valeur du titre ayant nettement chuté, Brigitte Brénéol reçoit plus de demandes d’achat. Lorsque les actions reprendront des couleurs, les salariés investisseurs espèrent bien y trouver leur compte.

 

 

 

Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1104 du 10/07/2012

Rubrique : Enquête

Auteur(s) : JOSÉ GARCIA LOPEZ

 

EIFFAGE

• Activité : BTP et concessions.

• Effectifs : 70 000 salariés dans le monde, dont 58 000 en France.

• Chiffre d’affaires 2011 : 13,7 milliards d’euros.



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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 12:43

 

Afin de mieux juger des compétences de ses candidats, la SSII a développé une démarche pour former et outiller ses recruteurs, managers et personnel RH. Un processus millimétré.

 


Help-Line tire son épingle du jeu. Malgré la conjoncture tendue, la société de services informatiques affiche un taux de croissance supérieur à 10 % en 2011. Et, comme beaucoup de SSII, l’entreprise aux 1 700 salariés annonce un copieux plan d’embauche : 500 personnes par an jusqu’en 2015. Centrée sur l’assistance aux utilisateurs, les services d’infrastructures et le conseil, la société recherche des responsables de comptes, des ingénieurs d’affaires ou des techniciens informatiques… Elle ne cible pas exclusivement des profils informaticiens pur jus, et prime la connaissance “métier” des clients. « Nous ne sommes pas nécessairement attachés à un diplôme, à une école ou à une expérience précise », affirme le DRH, Romain Mandry.

 

Identifier les compétences clés

Début 2012, Help-Line a déployé un dispositif de recrutement maison baptisé Saphir (Skills Assessment Program For High Insourcing And Recruitement). Cette démarche, qui regroupe des outils créés en interne, revisite les processus et doit aider les recruteurs à se faire une idée précise des aptitudes professionnelles des postulants. Elle se concrétise d’abord par la mise en place de référentiels uniques pour chaque métier. Au-delà de simples descriptifs de poste, « ces outils permettent d’identifier les compétences clés partagées par toutes les personnes occupant la même fonction », note Romain Mandry. Grâce à une grille, chaque recruteur peut identifier précisément les prérequis à l’embauche.

Surtout, le programme standardise les modes opératoires et associe les managers opérationnels dès le début du processus. Une cellule dédiée a été spécialement créée, formée et certifiée à la détection des compétences. Une douzaine de personnes du département RH et une soixantaine d’opérationnels (managers, responsables de compte, responsables commerciaux…) mènent les entretiens avec les postulants.

 

Évaluation standardisée

L’entreprise a d’ailleurs défini et mis en place ses propres indicateurs de compétences. À travers des mises en situation, sont mesurées les capacités de raisonnement, les connaissances techniques ou encore les qualités de communication des candidats. Compact, le mécanisme d’évaluation, tests et entretiens, se déroule en deux heures et demie. À l’issue du rendez-vous, chaque recruteur alimente un logiciel d’analyse avec les résultats du candidat. Cette technologie positionne alors automatiquement le profil du postulant sur un “radar des compétences”, entre un minimum défini et l’optimum recherché. Le logiciel développé en interne est, aux dires du DRH, une « boîte noire » dont les formules de pondération demeurent inconnues des opérationnels eux-mêmes. Il sert avant tout de support aux échanges entre recruteurs : « L’outil n’est ni décisionnel ni prédictif, il permet d’engager la discussion. La décision finale appartient toujours aux hommes. »

Selon le responsable RH, les nouvelles pratiques de recrutement se traduisent par l’accélération des processus : « Quinze jours s’écoulent entre le moment où l’on identifie le candidat et la décision, soit un gain de plus d’une semaine par rapport aux méthodes traditionnelles que nous utilisions auparavant. Et nous sommes aujourd’hui en mesure de donner une réponse au candidat dès le lendemain de ses entretiens. »

Autre avantage constaté : le nombre de périodes d’essai non transformées a été réduit d’un tiers. Le DRH reconnaît toutefois que la méthode a aussi ses limites : « On ne change pas des habitudes d’un coup de baguette magique. Certains opérationnels continuent de ne jurer que par les diplômes ou les expériences indiquées dans les CV. » Mais, a minima, les managers et le personnel RH partagent un langage commun et les mêmes critères d’analyse : « Chacun sait mieux expliquer ce que signifie la formule bateau de “bon candidat”. » De quoi motiver ce choix de manière plus objective.

 

Auteur(s) : JOSÉ GARCIA LOPEZ

 

Paru dans Entreprise & Carrières, N° 1102 du 26/06/2012

Rubrique : Pratiques

 

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